Le week-end dernier, j'étais à Vienne, en Autriche 🇦🇹
Et ce n'était pas (que) pour le marché de Noël.
Vienne est une ville qui a vu exercer de nombreux thérapeutes illustres. Je suis bien sûr allé voir les appartements de Freud au 19 Berggasse.
Et j'ai aussi visité le musée Viktor E. Frankl, fondateur de la logothérapie, une psychothérapie basée sur l'importance du sens de la vie.
Ce que j'aime chez Frankl, c'est qu'il remet en question une intuition qui a longtemps été forte chez moi : "Le but de la vie, c'est être heureux."
Pour lui, la recherche du bonheur (et donc des plaisirs) est plutôt le marqueur d'un manque de sens.
L'existence n'est pas un long fleuve tranquille, qu'on le veuille ou non.
Selon Frankl, une vie heureuse est avant tout une vie riche de sens, fruit d'un équilibre entre trois piliers qu'on va découvrir aujourd'hui.
Sur ce, c'est parti 👇
1) Capacité à performer
C’est ce pilier qui nous pousse à réaliser des projets, à laisser sa trace dans le monde, à avoir de l’impact sur les autres.
Ça passe par une capacité à comprendre le monde qui nous entoure, pour le façonner à notre manière.
C'est un pilier important dans notre société actuelle, et il est très utile pour :
- maîtriser son environnement
- s’assurer que nos besoins sont satisfaits sur le long-terme
- développer sa créativité pour partager et réaliser sa vision singulière
Ce pilier peut prendre une dimension démesurée quand nous aspirons à développer un projet qui nous tient à coeur, en cherchant la perfection, la réussite économique et la reconnaissance des autres.
Dans ce cas, l’échec et les erreurs peuvent nous perturber, et le perfectionnisme devient bloquant.
Il faut donc rééquilibrer avec les deux autres piliers.
2) Capacité à aimer
Ce pilier permet de se connecter aux autres êtres humains, aux êtres vivants, à la nature, mais aussi à nous-mêmes.
En développant sa capacité à aimer, le quotidien prend une autre dimension. Il devient extra-ordinaire.
Les humains sont des êtres de relation : la capacité à aimer permet de se sentir partie d’un tout qui nous transcende.
Cette vision aide à développer sa résilience face aux défis de l’existence.
Cette capacité à aimer ne se cantonne pas aux autres : il s’agit aussi de s’aimer soi-même, à la fois tel qu’on est, et tel qu’on pourrait être. Nous sommes quand même la personne avec laquelle nous passerons le plus de temps dans notre vie, donc autant être sympa avec soi :)
Toutefois, quand ce pilier prend une place démesurée, on risque de voir sa vie déterminée par les besoins des autres, au détriment de sa propre vocation. On risque de refouler sa propre souffrance en soulageant celle des autres.
Ce qui nous mène au troisième et dernier pilier.
3) Capacité à souffrir
Un pilier sous-coté, qu’on essaye souvent d’éviter à tout prix. Pourtant, il est essentiel à notre équilibre.
Pourquoi devrait-on développer sa capacité à souffrir, au même titre que la performance et l’amour?
La réponse est simple. La vie, c'est dur.
Les choses qu’on aime disparaissent toutes un jour. Nos besoins ne seront jamais satisfaits. Des accidents absurdes peuvent survenir. Spoiler alert : on meurt tous à la fin.
Plutôt que de refouler cette réalité, il faut la cultiver. Et l'équilibre entre ces piliers nous aide à avancer malgré ça :
- Savoir performer permet de pouvoir subvenir à ses besoins et ceux qu’on aime, et développer son impact sur le monde.
- Savoir aimer permet de rester entouré et soutenu quand la vie nous challenge.
- Savoir souffrir permet de garder l'espoir de jours meilleurs. Et d’apprécier les choses simples même quand les conditions sont difficiles.
Conclusion
Ces trois piliers doivent être en équilibre pour que notre vie ait du sens.
Nier un de ces piliers, c’est nier la vie elle-même.
Tout déséquilibre fragilise l'édifice de notre santé mentale - et physique.
L’équilibre n’est jamais acquis. Comme un funambule, nos actions et nos décisions constituent ces ajustements de posture qui permettent de rester sur le fil.
L’exercice est difficile, mais ça fait partie du jeu. Les efforts du funambule sont douloureux, mais la prouesse vaut le coup.
Comme disait le philosophe danois Søren Kierkegaard (1813-1855) :
“Ce n’est pas le chemin qui est difficile ; c’est le difficile qui est le chemin”
Autrement dit, les difficultés font partie du lot ; elles ne sont pas une anomalie.
L’enjeu, c’est trouver des difficultés à surmonter qui ont du sens pour nous.
Des challenges qui nous feront dire : "Qu’est-ce que c’était dur. Mais qu’est-ce que ça en valait la peine !"
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