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TDAH et surcharge d'informations

Publié le

11/2/2024

Mickael Nardi

Il y a quelque temps, je suis tombé sur cet article qui parle de Gestion des connaissances personnelles et TDAH.

Parce qu'on le sait, nous, TDAH pouvons être des curieux insatiables, et passer des heures à faire des recherches. Tout en perdant le fil de ce qu'on cherchait à la base. Et sans jamais exploiter le fruit de nos découvertes.

J'ai décidé que cette semaine était une bonne occasion d'enfin le lire, et d'en faire un article.

C'est chose faite : on va parler de surcharge informationnelle, d'organisation, de productivité et bien d'autres choses.

Sans plus attendre, c'est parti 👇

1) Le problème : la surcharge informationnelle

Souvent, quand je débute mon accompagnement avec un client, je me rends compte que son sentiment d’être dépassé est lié à une chose : une montagne d’informations à traiter.

Qu’il s’agisse de :

  • ressources à lire
  • tâches à réaliser
  • projets sur le feu
  • réseaux sociaux
  • sollicitations de toutes sortes
  • notifications diverses et variées

Ce phénomène est propre à notre époque “sur-connectée” : la surcharge informationnelle.

Trop d’info tue l’info : à la manière d’un tuyau d’arrosage, un trop plein d’eau peut noyer tes plantes tandis que la juste dose leur permettra de s’épanouir et se développer pleinement.

Et si tout le monde est sensible à cette surcharge, les TDAH le sont encore plus, avec à la clé :

  • le sentiment d’être submergé
  • des distractions qui dispersent
  • une anxiété de ratage (ou FOMO : Fear of missing out, en anglais)

Dès lors, impossible de prioriser ses actions et d’avancer efficacement vers ses objectifs, ce qui nuit à la fois à notre stabilité financière et matérielle, mais aussi à la qualité de nos relations.

Pour pallier cela, la technologie est souvent présentée comme une solution : outils d’organisation, intelligence artificielle, automatisations…

Mais le paradoxe, c’est que la technologie elle-même est à l’origine de ce phénomène dommageable pour notre attention.

Les philosophes grecs diraient que c’est un “pharmakon”, terme qui signifie à la fois remède et poison. Ce qu’on pensait être le remède, ce qui allait libérer l’humanité des tâches ingrates et répétitives, s’est finalement retourné contre nous - avec notre assentiment.

Aujourd’hui, l’organisation personnelle, la gestion des connaissances personnelles (PKM = Personal Knowledge Management, en anglais) et le concept de “Second Cerveau” sont des concepts en plein développement.

C’est l’idée de “Second Cerveau” que je vais creuser aujourd’hui.

2) La solution : un Second Cerveau ?

Mon Second Cerveau sur l'outil Obsidian : chaque point correspond à une note/connaissance, que je connecte entre elles. Stylé, non ? En réalité, j'utilise très peu cet outil au quotidien (et je le déconseille souvent).

Définition

Peut-être que c’est un concept que tu as déjà croisé et sur lequel tu t’es déjà renseigné ; peut-être que c’est la première fois que tu lis ce terme.

Un Second Cerveau, c’est un système de productivité conçu pour nous aider à mieux gérer les informations, en les stockant et les rendant facilement accessibles, hors de notre cerveau biologique : dans un outil faisant office de deuxième cerveau digital.

Le but est de limiter notre charge mentale, d’améliorer la qualité de nos décisions, et de stimuler notre créativité, bref, en un mot : de booster notre productivité.

La plupart des personnes qui travaillent dans ce champ mettent en avant différents outils :

  • Notion
  • Obsidian
  • Roam Research
  • Evernote
  • Et bien d’autres…
Mon Second Cerveau sur Evernote : plus classique, plus bordélique aussi, c'est pourtant lui qui m'aide à travailler au quotidien.

Chacun de ces outils offre des possibilités pour prendre des notes, gérer ses projets, organiser ses connaissances. J’ai passé ces 3 dernières années à essayer tout un tas d’outils.

À chaque fois, avec l’espoir qu’enfin, je puisse être organisé, avec un système parfaitement rodé qui m’aide au quotidien. Et quand je n’y arrivais pas, je supposais que l’outil n’était pas adapté ; et j’en changeais.

Jusqu’à ce que je me rende compte d’une chose : un outil en lui-même ne sera jamais la solution. Et le système d’un autre ne sera jamais parfaitement transposable à sa propre situation.

Limites

L’idée de Second Cerveau est souvent confondue avec l’outil à utiliser. On pense qu’une fois le bon logiciel mis en place, nos problèmes seront résolus.

Pour moi, c’est la meilleure manière de faire fausse route, de perdre du temps, et d’avoir l’impression de travailler alors qu’en réalité, on ne produit rien.

J’ai des frissons en repensant aux heures que j’ai passées à apprendre et à configurer différents outils censés m’en faire gagner.

Bien sûr qu’avoir les bons outils, c’est important. Mais l’enjeu principal, c’est se les approprier, et les intégrer dans ses comportements au quotidien. Quand on cherche le dernier objet brillant, on se met au service de l’outil.

Alors que l’objectif, c’est d’avoir des outils à son service. Et ne même plus se rendre compte de leur présence.

Suite à cette désillusion, j’ai peu à peu développé ma propre vision du Second Cerveau.

3) Ma vision du Second Cerveau

Pour moi, un Second Cerveau n’est pas un outil, mais un ensemble de principes basé sur deux concepts :

  • l’organisation personnelle
  • la productivité

Organisation personnelle

Les outils sont là pour servir nos objectifs. Et aucun outil ne pourra nous aider à définir ces objectifs.

Tes objectifs sont le fruit de ta vision à long-terme, des piliers de vie que tu souhaites développer pour te sentir épanoui et apporter du positif au monde.

Si tu manques de clarté et de direction, tu ne pourras pas prioriser la multitude d’opportunités à court-terme qui se présenteront à toi. Tu te sentiras submergé, et aucun outil ne pourra t’aider là-dedans.

Mais une fois que tu sais où tu veux aller, ton système d’organisation fera office de voiture : tu iras beaucoup plus vite, tu apprendras donc beaucoup plus vite, et tu progresseras donc beaucoup plus vite.

Sauf que ça ne sert pas à grand chose d’aller vite dans la mauvaise direction !

Ton organisation va t’aider à mieux gérer ton temps et ton énergie, au service des tâches qui ont le plus d’impact et de ton épanouissement à long-terme.

Mais ce cadre ne suffit pas : il faut intégrer les bonnes habitudes et comportements au quotidien.

Productivité

Maintenant que tu as une direction, et un système en place pour soutenir tes objectifs, ce sont tes actions quotidiennes qui vont te permettre d’avancer.

Pour moi, la productivité, ce n’est pas d'en faire le plus possible. C’est plutôt mettre en place les petites actions et habitudes qui ont le plus d’impact dans ta vie, comme :

  • capturer une tâche quand elle te vient à l’esprit
  • regarder chaque matin ta todo-list et ton agenda pour ne rien oublier
  • ne pas décider à chaud de s’engager sur un nouveau projet (même s’il a l’air top)
  • faire sa revue hebdomadaire chaque semaine pour faire le point et garder le cap

Un Second Cerveau, c’est combiner un système d’organisation à des comportements vertueux qui t’aident à avoir plus de sens dans ta vie, en ne faisant pas nécessairement “plus”, mais “mieux”.

Ce système ne doit pas se complexifier, mais au contraire se simplifier avec le temps. Comme je le répète souvent : “La simplicité gagne toujours”.

Pour finir, revenons-en à la surcharge informationnelle.

Je te présente 3 conseils qui m’aident grandement à la gérer, et à me sentir plus léger et serein chaque semaine.

4) Mes 3 principes pour gérer la surcharge informationnelle

Principe 1 : Expliciter sa phase de vie

On peut schématiser sa vie en deux phases :

  • les phases de divergence
  • les phases de convergence

Quand je me sens perdu, ennuyé, j’essaie de favoriser la divergence dans ma vie : me nourrir d’un maximum d’informations, de livres, d’idées jusqu’à trouver quelque chose qui m’anime, qui me donne envie de passer à l’action.

Quand j’ai un projet qui me tient à coeur, et qu’il a du potentiel, alors j’entre en phase de convergence : je me focus sur le minimum d’actions clés qui me permettent d’avancer sur le projet. Dans ce cas, je deviens ultra-minimaliste sur ma consommation de contenu, et je sais que mon succès dépend de ma capacité à agir et non de ma capacité à trouver de nouvelles idées.

Pour aider ce “minimalisme” de consommation de contenu, j’ai un concept qui m’aide beaucoup : le “5 majeur”.

Principe 2 : Le “5 majeur” pour faire le tri

Ce concept a été inventé par l’entrepreneur, créateur de contenu (et ami) Jean-Charles Kurdali.

Il est curieux de tout, et risque souvent de se perdre dans plein de directions et de thématiques, pas toujours en lien avec le pragmatisme que nécessite le développement de ses projets.

Pour réguler ça, il a inventé ce concept. L’idée, c’est de s’entourer de maximum 5 créateurs et auteurs pour ne pas se disperser dans tous les sens.

Le but, c’est de créer un filtre entre ce qui est pertinent de consommer à l’instant T, et ce qui l’est moins. En faisant coïncider ses objectifs du moment aux bons créateurs et auteurs, on maximise notre efficacité, sans se disperser et sans avoir peur de manquer une information cruciale.

L’enjeu, comme toujours, est d’ajouter de l’intentionnalité dans ses actions, plutôt que de subir les algorithmes et les recommandations des gens autour de nous.

Principe 3 : Produire > Consommer

Cette méthode n’est pas la plus simple, mais elle est redoutablement efficace pour maîtriser la surcharge informationnelle.

Pour moi, la surcharge informationnelle, ce n’est pas seulement les réseaux sociaux et Youtube.

C’est aussi tous les livres de ma bibliothèque et de ma wishlist.

La solution que j’ai trouvée : pour tout contenu consommé, j’essaie de créer un contenu.

Le but est de passer de consommateur de contenu à producteur de contenu. Et les bénéfices liés à ce changement d’approche sont colossaux. J’en cueille les fruits depuis que j’ai commencé moi-même à me poser pour écrire des posts sur Linkedin et cette newsletter, chaque semaine.

Et les avantages ne sont pas seulement liés aux retours positifs reçus, ou aux opportunités business.

L’avantage principal, c’est que je creuse plus en profondeur les sujets. J’apprends plus efficacement. Et je clarifie ma pensée par l’acte même de la coucher sur le papier.

Une pensée affutée et l’utilisation des bons mots permet de développer sa propre vision du monde, personnelle et sophistiquée à la fois. C’est à mon sens une des compétences les plus importantes à développer dans sa vie.

C’est comme ça que j’essaie d’avoir un impact positif sur le monde, aussi bien que sur moi-même. Je grandis chaque semaine en partageant publiquement ce que j’apprends.

Cette habitude de production demande de la méthode, de la discipline. Elle nécessite de surmonter son perfectionnisme. Chaque newsletter est une lutte avec moi-même, mais le challenge est à ma portée. J’en suis capable.

Comme dans le sport, c’est dans les difficultés surmontables que les opportunités de progresser résident. C’est comme ça qu’on atteint l’état de flow. Et qu’on peut reprendre, pendant quelques minutes, puis plusieurs heures, le contrôle de sa si précieuse attention.

Conclusion

Avant, je passais ma vie à consommer du contenu. Je lisais un livre, et j’en découvrais 10 autres que j’avais envie de lire.

La somme de connaissances à ingérer est littéralement infinie. C’est fini, l’ère des polymathes où des penseurs comme Descartes pouvaient être à jour de toutes les connaissances disponibles à leur époque.

Aujourd’hui, il faut faire le tri. Il faut renoncer. La solution que j’ai trouvé, c’est celle de mener un projet qui me permette à la fois :

  • d’apprendre
  • d’écrire
  • d’aider des gens
  • d’en vivre

Utiliser des outils sans objectifs clairs, c’est la recette pour se faire submerger. Avoir des objectifs sans outils pour les soutenir, c’est la clé de l’inaction.

En 2024, (re)prendre le contrôle de son attention est crucial. A fortiori quand on souffre d’un (littéral) trouble de l’attention.

Heureusement, en identifiant la source du problème, on peut envisager des solutions plus ciblées, plus efficaces que les conseils classiques qu’on entend à droite à gauche. Un système d’organisation efficace peut aider, mais il n’est qu’une partie des solutions à envisager.

Certains TDAH sont dans une inaction et une procrastination chroniques, malgré un fort potentiel, ce qui se confond avec la dépression.

D’autres sont des “activistes”, qui courent dans tous les sens, suivent toutes les sollicitations, ce qui les mène bien souvent au burn-out.

Personnellement, j’ai longtemps fait partie de la première catégorie. Un Second Cerveau combiné au traitement médicamenteux (Ritaline) m’a énormément aidé.

Pour la deuxième catégorie, une psychothérapie couplée à du coaching peut grandement améliorer les choses.

Pour finir, n’oublie pas ce puissant proverbe japonais :

“La vision sans action est un rêve ; l’action sans vision est un cauchemar.”

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