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Prise de décision et TDAH

Publié le

19/11/2023

Mickael Nardi

Aujourd'hui, on va se demander pourquoi c'est si dur de prendre des décisions et pourquoi c'est si rare de prendre les bonnes (surtout avec un TDAH).

Et on verra en quoi mieux t'organiser est la clé pour faciliter la prise de décision, et avancer vers tes objectifs.

Comme d'habitude, tu auras des conseils concrets pour t'aider à réfléchir à ta propre organisation et passer à l'action !

Sans plus attendre, c'est parti 👇

1) Qu’est-ce qu’une décision ?

La plupart du temps, notre cerveau fonctionne en pilote automatique. Il prend des décisions sans même qu’on en ait conscience : ce sont nos habitudes.

Mais parfois, on fait face à une situation où la bonne action à faire n’est pas évidente : c’est là qu’interviennent les circuits de la prise de décision dans le cerveau.

La neurobiologie de la prise de décision décrit notamment le rôle de la dopamine et l’adrénaline dans ce process.

Et comme par hasard, ce sont deux neurotransmetteurs impliqués dans les symptômes du TDAH, comme l’impulsivité.

(Les plus pointilleux diront que c'est la noradrénaline et pas l'adrénaline qui est impliquée, notamment parce que la médication pour le méthylphénidate agit sur la noradrénaline. Mais regarde à quel point ces 3 molécules sont proches et liées entre elles).

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Ça c'est la dopamine qu'on aime tant.
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Ici, c'est la noradrénaline : c'est de la dopamine à laquelle on rajoute un atome d'oxygène (groupement alcool pour les puristes : OH)
Image illustrative de l’article Adrénaline
Enfin, pour avoir de l'adrénaline, on rajoute simplement un atome de carbone à droite, au bout de la chaîne (un méthyl comme on dit dans le jargon : CH3).

Au niveau psychologique, le TDAH peut être décrit comme un trouble du système exécutif. Ce système est en charge de prendre les “bonnes” décisions face à des situations ambigües en :

  • pesant le pour et le contre
  • prenant en compte les souvenirs passés de situations similaires
  • écoutant les émotions et motivations contradictoires qui émergent

Quand on ne sait pas qu’on a un TDAH (ou qu’il n’est pas traité), les décisions qu’on prend vont rarement dans notre intérêt.

On préfère :

  • éviter les émotions douloureuses (parce qu’on n’arrive pas à les gérer et qu'elles nous submergent)
  • favoriser les récompenses immédiates aux récompenses différées (parce qu’elles sont plus saillantes et nous motivent davantage)

Imagine : tu es en train de travailler sur un projet client, et pendant tes recherches tu tombes sur un article fascinant sur un concept que tu ne connaissais pas avant. Tu as envie de creuser, mais ça risque de mettre en péril l’avancée sur le projet. Tu dois prendre une décision.

Idéalement, tu devrais te focus sur ce qu’il y a de plus important à l’instant T : le projet client qui te permet d'atteindre tes objectifs long-terme (chiffre d'affaires, satisfaction client, satisfaction personnelle...)

Mais souvent, l’attrait pour la nouveauté prend le dessus malgré tout…

Les décisions, ce sont ces moments où notre liberté se manifeste. Toutefois, tous les choix qui s’offrent à nous ne sont pas égaux : certains sont plus probables, plus “pondérés” que d’autres.

Si tu as un TDAH, il est probable que tu préfères la récompense à court-terme que constitue la découverte de ce nouveau concept, plutôt que de continuer ce projet fastidieux qui n’a plus rien de nouveau et stimulant.

Et même en prenant conscience de ce travers, si tu veux être discipliné, soit :

  • ça te coûte énormément d’énergie
  • tu n’y arrives pas ; et le cercle de la culpabilité se met en place…

L’impulsivité, c’est l’incapacité à orienter ou changer sa volonté face à une décision à prendre.

Et même les décisions les plus simples ont un coût caché.

2) Le coût caché des décisions

Tu as peut-être déjà entendu parler du concept de “fatigue décisionnelle”.

Certaines personnes, dans leur travail, doivent prendre énormément de décisions chaque jour. À la longue, ça les fatigue énormément au point de les mener à l’épuisement mental, puis physique.

Prendre une décision n’est pas une action anodine.

Notre stock d’énergie pour les prendre est limité chaque jour, et se restaure notamment par le sommeil.

C’est pour ça que beaucoup d’entrepreneurs choisissent de limiter leur nombre de décisions par jour. Certains entrepreneurs s’habillent toujours de la même façon pour ne pas avoir à y réfléchir le matin. Idem pour les repas. Toute cette énergie économisée sur une multitude de micro-décisions permet de l’allouer à d’autres décisions plus importantes, qui ont plus d’impact.

Quoi qu'il arrive, qu'on soit entrepreneur, indépendant, freelance ou salarié, la question cruciale qui guide chaque journée c’est : qu’est-ce que dois faire aujourd’hui ?

Et en général deux options s’offrent à nous :

  • soit on fait ce qu’on a envie/est obligé de faire (rarement la meilleure idée, mais souvent la plus simple)
  • soit on réfléchit à ce qui aurait le plus d’impact pour atteindre nos objectifs (ex : développer son chiffre d’affaire en trouvant de nouveau clients ou en améliorant son offre)

Sauf que le problème, c’est le fait même de se poser la question chaque jour et de devoir décider.

L’erreur typique dans cette situation, c’est de confondre 2 moments bien différents :

  • les moments pour décider
  • les moments pour exécuter

S’organiser permet de ritualiser et distinguer ces deux moments.

Et avec un TDAH, le risque de se disperser est énorme ! L’enjeu est crucial si on veut pouvoir vivre de son activité, mener à bien ses projets ou demander une promotion sans se faire cramer par le stress.

T’organiser, c’est créer une manière naturelle et simple de prendre des décisions pour :

  • allouer ton énergie là où ça compte vraiment (créativité, famille, bien-être)
  • avancer sereinement vers tes objectifs et déployer ton potentiel

À l’inverse, la procrastination, c’est se sentir submergé, dispersé, dépassé. C’est lié à un manque d’organisation qui ne nous aide pas à prendre les bonnes décisions.

Mais alors, comment s’organiser pour réduire son stress et la procrastination ? Comment mieux gérer son impulsivité ?

Autrement dit, comment s’organiser pour mieux décider ?

3) S’organiser pour décider

Il y a deux façons de voir l’organisation, et elles s’alimentent l’une l’autre.

La première façon, c’est au niveau macro. Il s’agit de ta vision, de tes objectifs de vie, de tes passions et de tes projets. La manière dont tu t’organises à pour but de t’aider à avancer dans cette direction que tu t’es fixée (et, bien souvent, d’ajuster cette direction au fil du chemin). C’est le niveau “macro” de l’organisation qui donne du sens et permet de réduire les remises en questions profondes qui nous font tourner en rond.

L’autre façon de s’organiser se joue au niveau micro. Ce sont les réflexes et rituels qui te permettent d'avancer, malgré les surprises et imprévus du quotidien. Ce sont les actions qui te permettent, quoi qu’il arrive, de garder le cap et de te sentir en maîtrise. Et pour ça, pas besoin de routines contraignantes ou d’organiser tes journées à l’heure près, loin de là !

a) Niveau macro : l’importance des projets

S’épanouir, c’est mener à bien des projets, qu’ils soient artistiques, entrepreneuriaux, associatifs, familiaux…

Décider quoi faire, c’est choisir les bons projets sur lesquels s’engager. Et les bons projets sont ceux qui nous aident à atteindre nos objectifs en réalisant nos envies profondes.

Parfois, on peut se retrouver avec plein de projets sur le feu. Si on est friands de nouvelles opportunités, il peut nous arriver de dire “oui” un peu trop facilement !

Résultat : on se retrouve dispersé, tiraillé par pleins d’engagements qui peuvent empiéter les uns sur les autres. Les demandes des autres dictent nos actions, plutôt que des décisions intentionnelles sur nos priorités du moment.

Mais sans avoir clarifié sa vision et ses objectifs, difficile de pouvoir faire le tri.

Faire le point sur ses projets du moment permet de :

  • mieux gérer son énergie
  • gagner en visibilité sur ses engagements
  • organiser ses notes, idées et tâches plus efficacement

Ton système d’organisation doit t'aider à organiser tes connaissances, notes et idées par projet - et surtout pas par thématique !

C’est la méthode PARA, que j'enseigne, qui permet d’organiser tous ses outils en 4 dossiers, du + actionnable au - actionnable :

  • Projets (très actionnable)
  • Aires de responsabilité
  • Ressources
  • Archives (non actionnable)

C’est en te demandant “En quoi est-ce que ça me sert pour mes objectifs et mes projets?” que tu prendras des décisions plus judicieuses.

Et pour mieux gérer cette information et capitaliser dessus, il ne te faut surtout pas un système contraignant que tu vas abandonner au bout de 3 semaines (et/ou qui va te prendre 30 heures à mettre en place).

Il te faut des réflexes simples, fiables et naturels qui deviennent très vite une seconde nature.

Et ça se joue chaque jour, dans ton quotidien.

b) Niveau micro : les bons réflexes au quotidien

Boîte de réception (inbox)

Une boîte de réception, c’est là où se retrouvent les informations qui arrivent à toi et qui attendent d'être traitées.

Par défaut, tu en as déjà une : c’est ta boîte mail. Tous les messages à traiter se retrouvent dans ton dossier “inbox”. C’est pour ça que certaines personnes s’envoient des mails à elles-mêmes pour s’assurer de revenir sur des idées ou des ressources intéressantes croisées par-ci par-là.

Sauf qu’une boîte mail, ça ne sert pas à ça.

Il te faut d’autres boîtes de réception et notamment :

  • une pour tes notes
  • une pour tes tâches

Quand tu tombes sur une ressource intéressante, ou que tu as une idée en tête, tu dois éviter à tout prix de prendre une décision immédiatement. Tu dois économiser cette énergie. Surtout si tu as plein d’idées et que tu découvres plein de ressources en suivant ta curiosité.

La solution : capturer très rapidement ces notes dans une de tes boîtes de réception.

Idem quand tu penses à une tâche à faire : à moins que la date soit évidente, capture simplement la tâche dans ta boîte de réception au lieu de décider tout de suite si c’est une priorité. Ça t’évitera les to-do à rallonge et tout le stress associé à cette montagne infranchissable.

Mais un nouveau problème émerge : comment penser à revenir sur tout ce qu’on a capturé au quotidien ? Comment faire confiance à ce système ?

C’est là que la Weekly Review (revue hebdomadaire) entre en jeu.

Weekly Review

La Weekly Review, c’est un moment dans la semaine où tu vas prendre plein de décisions. C’est du batching de décision, si tu préfères. J’ai mis ça en place dans ma vie depuis presque 2 ans, et ça a TOUT changé.

C’est simple, si ma vie est en ordre aujourd’hui, que j’arrive à mener à bien mes projets, à écrire chaque semaine cette newsletter, c’est grâce à cette routine.

Et c’est d’ailleurs la seule routine que j’ai réussi à tenir (c’est plus facile quand c’est 1x par semaine que 1x par jour, on va pas se le cacher…)

Le Weekly Review va te permettre, en 1 heure, de prendre des décisions sur tes priorités du moment et ce sur quoi tu dois avancer. C’est là que tu passes en revue tout ce que tu as capturé dans tes inbox pendant la semaine : mails, agenda, dossiers bureau et téléchargements, notes, tâches…

C’est à ce moment là, la tête reposée, l’esprit clair, que tu vas décider quoi faire :

  • Est-ce que cette ressource est vraiment importante à explorer en ce moment ? Ou est-ce que ça avait l’air important mardi dernier pendant une tâche relou, mais en fait c'est pas si important ?
  • Est-ce que cette tâche est prioritaire (= est-ce que je dois la faire semaine prochaine ?) ou est-ce que je la garde en note pour plus tard car ce n’est pas le moment pour l’instant ?

Mettre en place ce “check-point” hebdomadaire va te permettre de prendre des décisions de façon plus intentionnelle, et sans t’épuiser à devoir les prendre pendant la semaine.

Le mieux, c’est que c’est un moment vraiment plaisant, presque méditatif : j’ai l’impression de mettre de l’ordre et de la clarté dans mes actions, de savoir où j’en suis et de décider où je veux avancer.

Maintenant, récapitulons ce qu'on a vu ensemble aujourd'hui.

4) Conclusion

Comme tu le vois, il n’y a pas besoin de 10000 routines pour réduire radicalement ton stress et ta charge mentale, sans te cramer.

Mes conseils :

  • clarifier ta vision et tes projets du moments
  • prendre l’habitude de capturer dans un endroit dédié (inbox)
  • prévoir un moment pour repasser chaque semaine dans tes inbox (Weekly Review)

Prendre des décisions, c'est dur. Encore plus quand on a un TDAH et que nos émotions prennent le dessus.

En combinant le traitement adapté à un système d'organisation naturel pour toi, tu pourras reprendre le contrôle sans aucun souci.

Et réaliser des projets que tu pensais inatteignables auparavant !

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