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Témoignage

TDAH & HPI : 5 leçons tirées de mon parcours

Publié le

15/10/2023

Mickael Nardi

TDAH et HPI : 5 leçons tirées de mon parcours

Haut potentiel intellectuel (HPI) et Trouble De l’Attention avec/sans Hyperactivité (TDAH) coexistent parfois. C’est ce binôme précis qui met des bâtons dans les roues de beaucoup de TDAH qui s’ignorent. Cela a été mon cas et c’est celui de milliers d’autres TDAH diagnostiqués sur le tard. Alors, TDAH et HPI sont-ils des frères ennemis ? Comment être zèbre et papillon à la fois ? Je relate, ici, ma propre expérience pour partager avec vous les enseignements et leçons que j’en ai tirés.

Scolarité atypique : les coulisses d’un parcours chaotique

Sous des airs de facilités, la scolarité peut être un réel parcours du combattant pour les TDAH/HPI. Le mien est…un cas d’école. 

Maternelle et primaire : les débuts prometteur d’un surdoué, mais…

Durant ma petite enfance, j’étais un gamin distrait, colérique et je détestais les activités manuelles que l’on me proposait. Qui plus est, j’avais appris à lire avant d’intégrer la petite section, ce qui amplifiait ma frustration en classe : j’avais déjà vu ce qui m'attendait. Tout ceci m’a mené dans le bureau d’un psychologue, à 3 ans, pour passer un test de QI et découvrir que j’étais HPI (en 1999, on disait « surdoué »).

Bon, pour un diagnostic, il est plutôt rassurant.

Au primaire, je m’en sors sans trop d’effort, dans le top 5 de ma classe. Tout en ayant quelques difficultés en parallèle :

  • dans la lune
  • distrait et étourdi
  • pas beaucoup d’amis
  • submergé par mes émotions
  • mauvaise conscience du temps
  • parfois insolent face à l’autorité
  • incapable de me focus sur ce qui ne m’intéresse pas

En CE1, une des matières consistait à organiser et trier son gros classeur à levier. Cette tâche me mettait en larmes, car je ne comprenais absolument pas ce qu’il fallait faire. Alors que ça semblait évident pour les autres.

Mais bon, je ramène de bonnes notes, les profs sont satisfaits (même si je pourrais en faire plus), donc personne ne s’inquiète.

Collège : le challenge monte d’un cran

En faisant mes premiers pas dans le secondaire, je découvre qu’il faut gérer un planning avec plusieurs profs, plusieurs salles, davantage de devoirs et d’exigences… C’était autre chose que les routines prévisibles du primaire.

Je me souviens qu’appréhender tout ça m’angoissait pas mal, d’autant que je fréquentais un collège très strict :

  • Oublier ses devoirs et ses livres était la pire chose qui pouvait arriver
  • Être indiscipliné engendrait automatiquement des sanctions.

Je devais donc trouver des stratégies, mais elles me consommaient beaucoup d’énergie. Par-dessus cela, l’arrivée de ma petite sœur et de mon petit frère m’a poussé à devoir rapidement apprendre à devenir autonome. 

Bref, être doué ne suffit plus, mais mes efforts me permettent de garder la tête hors de l’eau : j’obtiens mon brevet avec mention.

Au lycée : un haut potentiel qui tombe de haut

On y est : la dernière étape du secondaire. En route vers le BAC. Il faut être parfaitement organisé, rigoureux, régulier dans ses révisions et ses devoirs. Compétences que je n’ai absolument pas : je suis du genre à rusher à la dernière minute. Je me rends vite compte que les pseudo-stratégies que j’ai utilisées au collège ne me permettent plus de gérer le niveau d’exigence demandé. Tout s’effondre.

La seconde est donc très difficile. Je commence à penser que je ne suis pas si « surdoué » que ça et que ce truc de HPI, c'est du beau bullshit. Ce sentiment de dévalorisation me pousse dans un certain renfermement sur moi-même : je me réfugie dans les jeux vidéos. La mécanique se brise : je ne suis pas accepté en filière scientifique (ouille, premier échec) et je pars en filière économique.

Malgré les difficultés, ma famille et certains profs croient en moi. Je tiens bon, tant bien que mal, et j’arrive à obtenir, je ne sais par quel miracle, mon bac avec mention très bien.

Post-bac : les montagnes russes

Les études post-bac arrivent et les difficultés persistent :

  • changements d’orientation répétés (5 fois) ;
  • irrégularité absolue dans le travail malgré mon intérêt ;
  • incapacité à me projeter dans un avenir professionnel ;
  • obtention de quasiment chacune de mes années aux rattrapages ;
  • découverte de… disons : “un goût prononcé pour le cannabis”.

Docteur HPI et mister… TDAH

Vous vous reconnaissez dans ce parcours contrasté ? Cette co-existence de succès et de chaos vous est familière ? Vous venez de revivre votre propre enfance à la lecture de mon récit ? Pour ma part, j’ai fini par trouver la clé de cette histoire…

SI comme moi, vous retrouvez cette dichotomie en vous :

  • Avoir des facilités d’un côté et réussir à s’en sortir, en compensant tant bien que mal. 
  • Ne pas parvenir à travailler à la hauteur de vos capacités, et se demander ce qui cloche en vous.

Explorez cette possibilité : l’éventuelle co-existence d’un TDAH et d’un HPI…

Car, oui, pour ma part, difficile de déceler qu’un TDAH se cachait derrière tout ça. J’ai ouvert les yeux à 26 ans, après 8 ans d’errance. J’avais remarqué que mes difficultés persistaient et pris conscience que le cannabis était un mode d’automédication. Et si c’était en effet, une question de dopamine ? Devant ce constat, et poussé par une intuition née de mes lectures, j’ai décidé de creuser sérieusement la piste du TDA/H.

Le diagnostic a pris 9 mois. Une vraie gestation, pour une renaissance ! La graine a mis du temps à germer, mais mon intime conviction m’avait placée sur la bonne voie. C’est à partir de ce moment que j’ai pu reprendre le contrôle : quand j’ai compris que douance et trouble de l’attention peuvent se côtoyer.

Les 5 leçons que je partage aux HPI - TDAH qui s’ignorent

Aujourd’hui, j’ai pris du recul par rapport à mon parcours et j’en ai tiré quelques apprentissages :  

1. Il existe des infos fiables sur le TDAH

Au début, le TDAH était un cliché pour moi : l’un de ces enfants que l’on voyait dans l’émission Super Nanny. Celui qui crie partout et qui casse des assiettes. Plus tard, les réseaux sociaux me renvoient l’image d’une nouvelle mode sans fondement scientifique, basée sur des critères dans lesquels tout le monde se reconnaît (Effet Barnum) .

C’est le jour où j’ai écouté le Ted Talk de Jessica McCabe, la créatrice de la chaîne Youtube « How to ADHD », que j’ai découvert un parcours qui était une copie quasi parfaite du mien. Je n’étais pas le seul à suivi un chemin chaotique, à me sentir à la ramasse et en retard par rapport aux autres. Depuis, j’ai eu la chance de trouver énormément d’autres ressources de qualité pour creuser le sujet :

​2. Ce n’est pas qu’une question de volonté

Quand on essaie, que l’on travaille sur soi, que l’on fait des efforts et que malgré tout, ça bloque, on finit par croire qu’on est cassé. Découvrir que d’autres personnes ont fait face aux mêmes difficultés, et qu’elles ont réussi à trouver des solutions pour avancer et trouver leur voie, il n’y a rien de plus important. C’est ce que je tente de démontrer avec ce blog, en partageant à la fois des solutions concrètes et des retours d’expérience.

3. Accepter ses limites permet de les dépasser.

Quand on a des facilités et que l’on a été complimenté pour ça (même si l’on est pas officiellement HPI, peu importe), admettre que l’on peut avoir de grosses difficultés est compliqué. D’autant que l’étiquette TDAH n’a pas la connotation la plus sexy et l’accepter n’est pas évident. Mais la divergence est OK. Des solutions efficaces existent pour gérer ce trouble : ça vaut la peine d’ouvrir son ego au sujet. 

4. Les conséquences d’un TDAH non diagnostiqué sont graves

Même s’il est possible de réduire les conséquences d’un TDAH grâce à des stratégies de compensation, elles ne sont pas gratuites. Insidieusement, elles nous coûtent de l’énergie. Lorsque les évènements nous dépassent ou que le corps lâche, les conséquences peuvent être graves :

  • Instabilité professionnelle ;
  • Difficultés relationnelles ;
  • Anxiété & dépression ;
  • Addictions ;
  • Accidents ;
  • Burn-out ;
  • Violence ;
  • Divorce…

Sensibiliser au TDAH est un enjeu de santé publique. Les conséquences d’un trouble du système exécutif dépassent largement la simple capacité à se concentrer sur des tâches. Ces conséquences sont la pire catégorie de malheur : les malheurs évitables.

5. Les TDAH-HPI peuvent exploiter leur potentiel

Carl G. Jung, psychologue, énonce :

”Certaines personnes développent des névroses, car elles n’arrivent pas à vivre à la hauteur de leur potentiel.”

Avoir conscience de notre potentiel à faire des choses intéressantes ou à apporter de la valeur au monde et constater que l’on reste figés est fortement déprimant à la longue.  

On imagine ce qu’on aimerait faire sans réussir à passer à l’action pour en faire une réalité. Au début, on se flagelle et on se déteste : on se croit nuls, incapables. Puis on peut se résigner, détester la société, les autres humains, déplorer l’injustice du monde… Ces réflexions créent un cercle vicieux qui crée encore plus de problèmes.

Découvrir que des solutions existent pour se mettre en mouvement, travailler sur soi, et réaliser ses rêves, ça donne l’optimisme et la foi nécessaires pour surmonter les difficultés que la vie mettra forcément devant nous, à un moment ou un autre. L’espoir est la première marche vers la résilience et la réussite.

Le HPI est souvent associé à tort à toutes les difficultés rencontrées par les personnes qui en sont porteuses. Or, il est fréquent que d'autres troubles, comme le TDAH, coexistent et expliquent une partie de ces difficultés. L'énergie dépensée pour compenser ces troubles peut être épuisante. En santé mentale, l’étape la plus difficile est de prendre conscience du problème et de savoir le nommer. Un diagnostic précis est indispensable pour mettre en place les soutiens adaptés et améliorer la qualité de vie. Il est donc important de consulter un professionnel de santé spécialisé et de ne pas hésiter à parler de ses difficultés avec son entourage.

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Merci à Lysiane Lequesne d'avoir retravaillé cet article initialement paru dans ma newsletter !

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À noter : Je ne suis pas un professionnel de santé, mais je suis personnellement touché par ce trouble. Même si je me base autant que possible sur des connaissances scientifiques fiables, ce contenu a pour but le divertissement, dans lequel je partage mon expérience, et ce que j’écris ne constitue aucunement des conseils médicaux. Pour tout conseil médical, vous devez vous référer au professionnel de santé qui vous suit.

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