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Gérer son anxiété avec un TDAH

Publié le

26/11/2023

Mickael Nardi

Aujourd'hui, je vais te parler de l'anxiété. On en entend beaucoup parler, on cherche des astuces pour mieux la gérer, mais est-ce qu'on sait vraiment de quoi on parle ?

Je suis toujours parti du principe que mieux comprendre les choses permet de mieux les contrôler.

On va donc se demander ce que c'est l'anxiété et l'influence que le TDAH peut avoir dessus.

Et comme à chaque fois, on finira avec des pistes concrètes pour passer à l'action.

Disclaimer : J'essaie d'aborder de manière simple, accessible et actionnable un sujet extrêmement complexe, auquel des chercheurs consacrent leur vie. Même si je fais en sorte d'éviter les énormités, si les experts parmi vous ont des retours, des précisions ou des ajustements à me proposer, n'hésitez pas à répondre directement au mail. Et n'oubliez pas que si vous avez la moindre question, c'est au professionnel de santé qui vous suit qu'il faut s'adresser en priorité !

Sur ce, c'est parti 👇

1) Qu’est-ce que l'anxiété ?

Selon le chercheur et neuropsychologue Jeffrey A. Gray, l’anxiété peut être définie comme “la sensibilité à une punition”.

Cette sensibilité dépend de facteurs innés (tempérament) et de facteurs acquis (histoire personnelle).

La punition peut être le rejet, la frustration, la douleur…

Dans l’absolu, l’anxiété n’est pas un problème. C’est normal de faire preuve de prudence dans des situations qui le demandent.

Le problème, c’est quand l’anxiété devient envahissante, qu’elle nous paralyse, qu’elle nous empêche de progresser.

En tant que neuropsychologue, Gray a cherché comment l’anxiété fonctionne au niveau du cerveau et des réseaux de neurones.

Voici l'article scientifique sur lequel je me base.​

Dans son modèle, il identifie 3 systèmes en équilibre qui expliquent le fonctionnement de l’anxiété :

  • le SIC (Système d’Inhibition Comportementale, en anglais BIS : Behavioral Inhibition System)
  • le système F/FL (Combat/Fuite, en anglais Fight/FLight)
  • le SAC (Système d’Approche Comportementale, en anglais BAS : Behavioral Approach System)

Le système d’inhibition

C’est ce circuit qui est responsable de la réponse anxieuse (SIC).

Face à un stimulus nouveau ou menaçant, le premier réflexe est de se figer, en inhibant le comportement et en augmentant l’attention et la vigilance.

Suite à l’activation de ce système, le cerveau a deux réponses comportementales possibles.

Option 1 : Combattre ou fuir

Dans ce cas, on est sur des réponses émotionnelles impulsives, censées favoriser notre survie.

Ce sont les réponses archaïques de notre cerveau quand la menace ou la punition potentielle est "confirmée" :

  • soit un comportement d’agression
  • soit un comportement de fuite ou d’évitement

Option 2 : Explorer

C’est la réponse du système d’approche (SAC).

Quand la sensibilité à la punition diminue (menace), et la sensibilité à la récompense augmente (espoir).

Notre curiosité augmente, on se met à explorer, tester, et à ressentir des émotions positives.

L’importance d’un équilibre

Il est normal de ressentir de l’anxiété chaque jour. C’est le signe que notre zone de confort s’élargit, et elle nous permet de grandir en tant qu’humain, jour après jour.

Les problèmes commencent quand l’anxiété nous submerge, même dans des situations où il n’y a pas de raison de s’inquiéter.

Ces problèmes sont là quand un déséquilibre existe entre les comportements de combat/fuite et les comportements d’exploration.

Au quotidien, les phénomènes qui mettent en jeu notre survie sont rares. Mais pour notre cerveau, il n’existe pas de différence.

L’enjeu réside dans nos réponses à ces stimuli.

Autrement dit, un comportement "sain" est un comportement "adapté".

Mais parfois, nos émotions peuvent prendre le dessus et créer une réponse d’agression (s’énerver pour rien contre quelqu’un) ou d’évitement (procrastiner une tâche) inadaptées.

Heureusement, notre cortex préfrontal, en charge du système exécutif, a bien évolué avec le temps. C’est lui qui nous permet de prendre du recul par rapport à nos émotions, et trouver une réponse plus adaptée.

C’est ce qu’on conseille par exemple pour communiquer plus sereinement : analyser ce qui se passe en nous avant de répondre ; faire preuve de curiosité envers ce que dit l’interlocuteur (comportement d’approche/exploration).

Sauf que dans certains cas, le système exécutif est défaillant.

D'ailleurs, ne serait-ce pas le cas dans le cadre de notre sujet préféré : le TDAH ?

2) TDAH et anxiété : quels liens ? Comment gérer ?

Le TDAH se manifeste au niveau neurologique par un déficit de neurotransmetteurs : dopamine et noradrénaline.

Et c’est bien dommage :

  • la noradrénaline est notamment en charge de moduler nos réponses à l’anxiété (SIC)
  • la dopamine est notamment en charge de favoriser la motivation et les comportements d’approche/exploration (SAC)

Résultat : les systèmes de réponse à l’anxiété sont en déséquilibre. Nos émotions prennent le dessus, et donc les comportements sont moins adaptés : agression ou évitement.

Autrement dit, notre capacité à prendre les bonnes décisions (= avoir des comportements adaptés) est dégradée.

Si on n’arrive pas à gérer ses réponses émotionnelles, on se retrouve avec un quotidien et une motivation en dent de scie. Ça devient incontrôlable et ça bloque.

Et si on arrive à le contrôler, c’est au prix de stratégies de compensation très consommatrices d’énergie qui nous permettent de faire le minimum nécessaire (alors que nos aspirations vont bien plus loin).

Les liens entre TDAH et anxiété sont multiples (voir par exemple cet article). C’est un cercle vicieux où l’un accentue l’autre, et vice-versa.

Heureusement, des solutions existent pour soulager ces problématiques.

Médication

En augmentant la quantité de dopamine et noradrénaline dans le cerveau, on peut inhiber plus facilement les comportements inadaptés. Et, en retour, choisir une réponse plus ouverte qui nous aide à progresser et apprendre.

On se retrouve avec davantage d’énergie à allouer sur des tâches qui nous font avancer, avec une meilleure stabilité émotionnelle au quotidien.

Toutefois, il reste un problème : le méthylphénidate peut avoir l’effet inverse sur l’anxiété, et l’exacerber.

Ce qui nécessite une adaptation du traitement par le psychiatre, pour traiter à la fois l’anxiété ET les déficits exécutifs.

Une piste thérapeutique prometteuse est explorée aux Etats-Unis : combiner deux traitements efficaces pour le TDAH qui aident aussi à réguler l’anxiété.

Le Dr. Barkley parle des résultats prometteurs qu’il obtient avec des patients en prescrivant de la guanfacine en complément du méthylphénidate pour aider à réguler la noradrénaline dans les circuits responsables de l’anxiété (SIC notamment).

Autrement dit, cette combinaison semble améliorer les fonctions exécutives, tout en minorant les effets néfastes sur l'anxiété.

Malheureusement, cette piste n'est pas à l’ordre du jour en France pour le moment. Mais si certains d’entre vous travaillent dans la recherche, c’est un sujet crucial à aborder.

Psychothérapie

Mieux comprendre ses schémas, ses croyances et son histoire personnelle permet de mieux gérer ses réactions à l’anxiété.

En complément d’une médication, la psychothérapie est très efficace dans le cadre de la prise en charge du TDAH.

Ce n’est vraiment pas une piste à négliger pour soulager les symptômes qui restent embêtants, même après le traitement.

Apprendre à s’organiser

Si nos oublis ont déjà eu des conséquences graves dans notre vie, c’est normal d’avoir ce sentiment diffus d’anxiété au quotidien, qui nous dit “est-ce que j’aurais pas oublié un truc super important qui va m’exploser à la tête sans que je m’y attende ?"

C’est la définition exacte de l’anxiété qu’on a vu au tout début : la sensibilité à une punition/menace.

Plus nos expériences de vie confirment qu’on a raison de faire attention aux punitions potentielles qui nous attendent, on y devient plus sensible.

Par définition, on devient donc plus anxieux.

Cette anxiété consomme inutilement de l’énergie si on souhaite passer outre et se consacrer à ses impératifs du jour.

Mieux s’organiser permet de mieux gérer ses oublis, ses tâches, et donc sa charge mentale.

Ces gains d’énergie permettent non seulement de gagner en sérénité, mais aussi de gagner en productivité et d’avancer plus efficacement vers des objectifs plus ambitieux, sans se cramer.

Car c'est en ayant le sentiment, jour après jour, d'avancer vers tes objectifs que tu vas devenir plus épanoui et satisfait.

En complément des 2 solutions du dessus, autant dire que tu deviens armé pour tout défoncer.

Pour finir, faisons un petit récap de ce qu’on a vu ensemble aujourd’hui.

Conclusion

L’anxiété est une réponse normale de notre corps face à des stimuli nouveaux et/ou menaçants.

L’enjeu réside dans la réponse qu’on a : est-ce qu’on subit nos réponses (combat, évitement), ou est-ce qu’on les contrôle (exploration, curiosité) ?

La réaction à l’anxiété n’est pas la même pour tout le monde : elle dépend de facteurs innés et acquis.

Mais le fonctionnement neurologique sous-jacent est le même : Gray le décrit très bien dans ses travaux.

Quand les systèmes sont en déséquilibre, on se retrouve avec des problématiques au quotidien qui nous font souffrir.

Et sans le savoir, le TDAH peut se cacher derrière tout ça.

La bonne nouvelle, c’est que des solutions efficaces existent, comme la médication et la psychothérapie.

Mais même après le diagnostic et une thérapie, tous les problèmes ne sont pas toujours résolus.

Travailler sur sa manière de s’organiser, prioriser et gérer son temps, c’est essentiel.

C’est la base sur laquelle tu pourras sereinement poursuivre tes aspirations, que tu veuilles :

  • demander une promotion/augmentation pour avancer ta carrière
  • développer ton activité d’indépendant et démultiplier l’impact de tes projets
  • développer ta créativité et lui permettre de s’exprimer par l’art, l’écriture...

Sauf que c’est parfois dur à mettre en place. On ne sait pas par où commencer. On pense avoir fait le tour des solutions. On pense que ce n’est pas fait pour nous.

Si c'est ton cas, c'est pour ça qu'on a créé notre accompagnement !

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