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TDAH et Télétravail : comment gérer ?

Publié le

14/4/2024

Mickael Nardi

Aujourd'hui, la démocratisation de la connexion haut-débit et l'accès aux outils de télécommunication rendent le travail à distance plus répandu que jamais.

Et ce, qu'on soit salarié ou indépendant.

Personnellement, ça fait 3 ans que j'ai découvert le concept, en plein Covid, comme beaucoup d'entre vous.

J'ai testé ça lors de ma première entreprise, une agence de marketing digital lancée en parallèle de mon master de philo.

Puis lors du job salarié que j'ai trouvé en 2022 après m'être viandé, forcé de me refaire une santé (financière, mais pas que 😅)

Pourquoi le télétravail me convenait si bien ? Pour plusieurs raisons :

  • Je peux travailler de chez moi sans devoir me déplacer pour des clients, ni déménager pour trouver un travail
  • Je peux rester dans mon cocon sans les distractions du travail en présentiel et les interruptions de toutes parts
  • Je suis libre de gérer mon temps et mon énergie comme je l'entends sans devoir faire de "présentéisme"

Sauf que le travail à distance, c'est aussi ce qui m'a mené au diagnostic de mon TDAH, fin 2022.

Car malgré ces avantages, je découvrais aussi, à la dure, l'autre versant de la pièce : les pièges liés à ce mode de travail pour nos cerveaux atypiques.

Aujourd'hui, je continue de travailler de chez moi. Et ça fonctionne mieux que jamais !

Mais ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Je me suis pris un bon nombre de murs et de remises en questions. Et j'ai testé un paquet de techniques jusqu'à trouver ce qui fonctionne pour mon TDAH - et celui des personnes que j'accompagne, qui, dans la majorité des cas, travaillent aussi à distance !

Pour info, j'ai enregistré une version vidéo de cet article disponible juste ici :

1) Avantages et inconvénients du télétravail

Comme j'en parlais dans l'intro, les points positifs du télétravail sont nombreux :

  • Liberté dans sa gestion du temps
  • Autonomie et possibilité de pouvoir fixer son propre cadre
  • Plus de temps pour soi grâce à la réduction des temps de trajet (sport, cuisine, temps en famille...)
  • Possibilité de travailler de façon ininterrompue
  • Moins de distractions par rapport à l'open space (bruits, mouvements, discussions, pauses "sociales"...)
  • Pas besoin de se forcer à avoir l'air productif 100% du temps face au regard des autres
  • Flexibilité géographique et davantage d'opportunités professionnelles
  • Travailler dans son cocon, dans un environnement connu et maîtrisé

Malheureusement, quand on le vit, on fait aussi face à un bon nombre d'inconvénients. Et bien souvent, ces inconvénients sont le miroir des avantages qu'on vient de lister :

  • Manque de cadre et liberté "vertigineuse" face à l'étendue des possibilités
  • Productivité aléatoire et impression de profiter de son employeur/client
  • Développement de surcompensations vis-à-vis de son syndrome de l'imposteur
  • Sur-réactivité par rapport aux sollicitations externes pour compenser son sentiment d'incompétence
  • Manque de pression externe pour avancer sur ses tâches et projets
  • Sentiment de dispersion croissante
  • Procrastination
  • Impression d'être submergé par ses tâches, de se "noyer dans un verre d'eau"
  • Spirale négative qui amène vers un point de non-retour : stress chronique, changement/perte d'emploi voire burn-out...

Difficile de gérer tous ces points négatifs quand on sait les bénéfices que nous apporte ce mode de travail dans notre vie.

Les conséquences de cette tension est souvent difficile à vivre. C'est ce qu'on va voir maintenant.

2) Conséquences de cette posture ambivalente

Le gros problème que j'ai rencontré, aussi bien chez moi que chez mes clients, c'est que ces difficultés restent secrètes.

Les gens ont des attentes envers nous ; pire, de l'extérieur, on a l'air organisé et "en maîtrise", ils nous font confiance.

Résultat : syndrome de l'imposteur qui explose.

On a peur que le subterfuge soit cramé ; que l'imposteur soit démasqué.

Et même si de l'extérieur, on a l'air en maîtrise, intérieurement, on fait juste le maximum pour que "ça passe".

On surcompense et on sent qu'on atteint bientôt le maximum de nos capacités.

Mais si on me rajoute des responsabilités et d'autres projets, je ne pourrai pas gérer.

Et je peux me mettre à avoir peur de réussir ; à m'auto-saboter insidieusement pour éviter que la charge de travail augmente et révèle le pot-aux-roses au grand jour.

Ou alors, je me retrouve à faire des heures supp à des heures indues, le soir, la nuit ou le matin très tôt pour compenser (on note d'ailleurs que c'est souvent des moments de forte productivité, bizarrement hors du travail, hors du champ des sollicitations)

Bref, vraiment pas terrible comme situation, on est d'accord.

Tout ceci nuit à notre santé mentale, à notre vie perso et à nos propres projets et aspirations.

On n'est plus en maîtrise de ce qu'il se passe.

Et on a aucune idée de comment en sortir, car quand on y réfléchit bien, en apparence, tout va bien :

  • mon travail est cool
  • je suis libre de mon temps
  • on me fait confiance
  • les projets sont intéressants

Sauf que c'est plus difficile que ça.

Pour s'en sortir, il faut identifier la cause première. De mon expérience, et après avoir échangé avec des centaines de TDAH dans cette situation, et accompagné des dizaines, je pense avoir mis le doigt dessus.

3) La cause première de problème : l'organisation personnelle

Bien loin d'être culpabilisant, le fait d'identifier une cause première liée à soi est salvateur.

On peut apprendre et agir dessus directement, sans dépendre d'éléments extérieurs hors de notre contrôle.

En psychologie, ça s'appelle l'agentivité (agency, en anglais) : c'est la perception de soi comme un acteur du monde qui fait arriver des choses, et pas seulement comme quelqu'un à qui il arrive des choses.

De quoi parle-t-on exactement quand on parle d'organisation personnelle ? Spontanément, on peut imaginer une injonction à une productivité toxique, à la hustle culture : pas du tout.

C'est pour ça que je vais commencer par décrire ce que l'organisation personnelle n'est pas :

  • Structurer ses journées à la minute près pour y caler toutes ses tâches
  • Développer une discipline de spartiate pour se forcer à faire ce dont on n'a pas envie
  • Créer un cadre contraignant qui bride toute spontanéité et créativité, pour se protéger de sa tendance naturelle à la dispersion

Non, pour moi, l'organisation personnelle, c'est plutôt :

  • Prendre du temps pour faire du travail de fond et deepwork
  • Reprendre le contrôle de son temps et apprenant à utiliser son agenda
  • Centraliser ses tâches au bon endroit pour toujours savoir quoi faire, et le capturer facilement quand on y pense (comme un Second Cerveau)
  • Créer un cadre flexible qui nous guide, et laisse la liberté de s'adapter aux urgences et à notre inspiration quand elle survient

J'accompagne aussi bien des chefs d'entreprise que des artistes professionnels ; des indépendants comme des salariés.

Ces principes s'appliquent à tous parce qu'ils sont justement des principes fondamentaux, et non une méthode miracle.

Bref, l'orga perso, c'est sortir l'information de sa tête, c'est apprendre à mieux gérer son temps pour mieux prioriser, se sentir moins submergé, être moins dépendant des aléas de son humeur et de ses envies, avancer réellement sur ses sujets, pour, in fine , regagner en confiance et croire en sa capacités à réaliser ses projets.


C'est l'approche que je défends : plutôt que de partir de ses aspirations et de la vision d'ensemble (top-down), on part du micro, de l'organisation au jour le jour (bottom-up), pour retrouver foi en ce qu'on est vraiment capable de faire, au delà de ses difficultés.

Pour moi, le chemin se construit en marchant. Le biais vers l'action, c'est la qualité centrale à retrouver en tant que TDAH souvent bloqué et submergé.

Le chemin se construit en marchant.

Conclusion

Quand j'ai fait face à mes difficultés et à l'échec de mon projet d'agence il y a 2 ans, je savais que l'organisation était mon talon d'Achille.

Pendant toute ma vingtaine, je n'avais même pas d'agenda.

J'ai déjà oublié de m'inscrire à la fac avant la date butoir.

Pas une fois. Ni 2. Mais 3 fois. De suite.

Ce premier échec entrepreneurial a été l'électrochoc qu'il me fallait.

Sauf que j'étais seul pour apprendre ces compétences.

Malgré les formations que j'avais achetées, les techniques me semblaient trop génériques.

Ou alors, beaucoup trop spécifiques et liées à la personne qui les enseignaient, sans que j'arrive directement à faire le pont avec ma situation propre.

Je rêvais que quelqu'un m'aide à implémenter ces grands principes d'organisation en partant de ma situation et mon fonctionnement propres.

Pour que je puisse rebondir, retrouver confiance en mes capacités, et avancer dans l'entrepreneuriat et l'écriture, que je savais être ma vocation.

En plus, je ne savais même pas à l'époque qu'un TDAH me mettait des bâtons dans les roues.

Aujourd'hui, avec Hyperfocus, j'aide des dizaines de personnes TDAH chaque mois à mieux s'organiser pour réussir leurs projets.

Je les accompagne en personne pour qu'ils ne soient pas seuls dans cette quête et avancent le plus vite possible.

Ces dernières années, j'ai eu la chance de pouvoir prendre des risques et me prendre des murs que tout le monde n'a pas l'opportunité de prendre.

Je suis là pour partager mes apprentissages et vous aider à faire en sorte que le chemin soit moins difficile pour vous.

Comme je le dis souvent, la vie est une montagne à gravir. Ce qui nous attend au sommet, c'est notre aspiration profonde. Et ce qui est cool, c'est que chacun peut choisir le type de montagne/succès qu'il souhaite.

À quoi ressemble celle que tu rêves de gravir ? Qu'est-ce qui t'attend au sommet ?

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